Les mistelles du Nord

Une balade printanière sous les quelque 2 000 arbres fruitiers en fleur des Vergers de Velours peut prendre des allures de conte féerique, un récit dont les origines ne sont pourtant pas si lointaines. Au début des années 2000, Bianca et Robin Voyer décident de planter quelques spécimens sur la terre de 200 acres de leurs parents, à l’ombre du parc national de la Pointe-Taillon et du Lac- Saint-Jean.

Leur belle aventure venait de prendre son élan!

Rapidement, ils se rendent compte que leurs récoltes de pommes, poires et petits fruits dépassent largement la demande, c’est pourquoi ils entament une longue démarche pour transformer les fruits restants en alcools fins. Formations professionnelles, consultations et concoctions meubleront leurs temps libres pendant quatre ans. «Nous voulions convertir notre entreprise saisonnière en une fonctionnant à l’année», explique Bianca, la cadette du duo. «Nous avons fait nos devoirs pour dresser un plan d’affaires réfléchi, si bien que la transformation est devenue notre principale activité.»

Consultez la recette de Vallée des dieux

Le Vent du Nord, premier produit d’une gamme qui en compte maintenant six, voit le jour en 2009. Cette mistelle de cerise de type porto, une nouveauté au Québec, capte vite l’attention des chefs de la province qui en deviennent friands. Les créations ultérieures, tout aussi uniques, obtiennent également la cote des spécialistes en peu de temps. La Vallée de Qu’appelle, boisson alcoolisée à la camerise, fruit du chèvrefeuille comestible, décroche mentions et récompenses aux Grands prix canadiens des vins du monde. Même résultat pour Les belles du Lac, une mixture de poires et de pommes, et l’inimitable Lady Annabelle, une mistelle de prune aromatisée à la groseille, à la gadelle et au raisin, nommée ainsi en l’honneur de la seule petite-fille de la famille, elle-même devenue brasseuse. «Il va de soi que nous étions fiers de notre entreprise avant ces honneurs, mais nous sommes conscients que notre avenir passe par ces reconnaissances », avoue Bianca Voyer.

Consultez la recette de La grande dame

Le gouvernement du Québec a d’ailleurs retenu Les belles du Lac pour en offrir au pape François lors de la visite du premier ministre Philippe Couillard au Vatican au printemps 2015! «Nous utilisons surtout des petits fruits, car ils poussent très bien dans notre région. Ils confèrent de plus une saveur originale à nos produits qui deviennent ainsi uniques et recherchés. » Les Voyer doivent cependant redoubler d’efforts pour rester à l’avant-plan des quelque 200 producteurs d’alcools du terroir de la province, car leur emplacement géographique – au nord du 48e parallèle présente son lot de défis.

«Au nord du 48e parallèle, tout est plus dispendieux, voire moins accessible. Même nos arbres doivent être adaptés au climat d’ici. C’est le désavantage d’être établi en région éloignée », note l’entrepreneure.

Ce constat ne ralentit toutefois pas pour autant ses ambitions. Si ses produits sont disponibles pour le moment à la ferme et sur son site Web, elle vise maintenant leur exportation à l’échelle du pays. Pour l’instant, les Vergers de Velours produisent de 5 000 à 8 000 bouteilles de leurs différents alcools par année. «Nous n’avons pas encore atteint nos objectifs; c’est un travail de longue haleine, s’exclame-t-elle. Nous vous réservons bien des surprises!»

Jadrino Huot

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