Curieux de nature, André Nicole, ancien travailleur de la construction, a troqué sa truelle contre un tracteur en 1998, par goût du changement mais aussi pour retourner avec sa femme dans leur région natale du Bas-Saint-Laurent. « Je m’intéressais déjà aux petits fruits et aux plantes médicinales mais j’avais envie de sortir des sentiers battus. » C’est un ingénieur qui lui conseille de s’intéresser à l’argousier. « Mais à part lui, à l’époque, personne n’y croit! » dit-il. On nous a dit donc d’être prudents, de commencer avec 300 arbres. Nous ne les avons pas écoutés, comme d’habitude, et nous en avons planté 6 200 ! »
Une affaire lucrative
Grand bien lui en a pris: aujourd’hui, la ferme Nicole, certifiée biologique, produit plusieurs tonnes de baies d’argousier par année et est devenue la première productrice québécoise du petit fruit. La demande est tellement forte qu’André est même obligé de refuser les nouveaux clients et peut se permettre de refuser de fournir l’industrie pharmaceutique, pourtant très alléchée par ce produit aux propriétés antioxydantes et dont l’arbre est d’ailleurs surnommé « l’arbre aux mille vertus »...
Bourrée de vitamines, la baie d’argousier a rapidement su séduire pour son goût. Coulis, sauces d’accompagnement, sorbets, tartes, gâteaux, pâtisseries et chocolats sont autant de déclinaisons possibles en cuisine. « Au départ, on pensait que l’acidité serait difficile à faire passer, mais on s’était trompé : c’est justement cet aspect acidulé qui est recherché, d’autant plus que le fruit se digère très facilement. Aujourd’hui, nos meilleurs clients restent les chefs cuisiniers. »
Voir cette recette de Tarte aux pommes et à l’argousier.
Aussi vendu sous forme de jus – mélangé avec la pomme ou l’ananas – , le fruit est un excellent tonique. Une boisson énergétique à base de baies d’argousier vient d’ailleurs d’être lancée sur le marché, soutenue par l’Association des producteurs d’argousier du Québec, qui regroupe près de 100 producteurs à l’heure actuelle.
Et pourtant, ce n’était pas gagné: « Au Québec, nous avons 50 ans de retard pour la culture de ce fruit, explique André Nicole. En Russie, ça fait 100 ans qu’ils le travaillent. » Pour l’import de ses plans, la ferme Nicole fait d’ailleurs « de grosses affaires » en Russie, où le couple d’agriculteurs est allé séjourner à plusieurs reprises, tout comme en Chine et en Allemagne, pour rencontrer des chercheurs dans ce domaine.
Prendre des risques
Cultiver l’argousier a d’abord représenté une gageure. « Le fruit était adapté aux conditions du Québec, mais il fallait trouver le bon cultivar, choisir entre 62 variétés différentes, explique André, et attendre ensuite pendant 5 ans pour savoir ce que ça allait donner. » S’il a fallu beaucoup d’essais-erreurs au cours des premières années pour trouver la bonne méthode de production, les efforts ont été payants et le cultivateur n’a jamais baissé les bras : « nous ne sommes pas peureux, nous aimons prendre des risques. »
Optimiste de nature, André Nicole place de grands espoirs dans l’avenir de l’argousier québécois : « Comme pour la canneberge, la production et l’utilisation de la baie d’argousier se développent lentement mais sûrement. Je lui donne 5 ans de plus pour que ça devienne un produit très grand public. » Même optimisme quant à l’avenir de la ferme: « Quand on a une bonne affaire, on n’a pas besoin de se soucier de la relève. »
→ Inscrivez-vous aux infolettres foodlavie pour recevoir recettes, vidéos et conseils d'experts.
Évaluer cet article
Connectez-vous pour évaluer cet article et écrire vos commentaires
Nouvel utilisateur de Zeste? Inscrivez-vous dès aujourd'hui!