Haïti Chérie

Évasion gourmande : saveurs et festivités haïtiennes

Haïti Chérie
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par foodlavie 18 déc. 2018

La musique konpa signe la trame sonore du jour et de la nuit, le rhum Barbancourt enivre doucement les plus ou moins habitués, l’esprit est à la fête partout, tout le temps. Il va sans dire, Haïti est magique, et encore plus quand elle célèbre. Découvrez ce séjour carnavalesque à la Perle des Antilles, vu et raconté par Catherine Lefebvre.

Atterrir en pleines festivités

Je débarque de l’avion et déjà, les twoubadou (troubadours) accueillent les voyageurs avec leur musique entraînante. Je souris et je me dandine un peu. C’est à peine s’ils ne viennent pas nous offrir un rhum punch pour faire la file à la douane!

En empruntant la route vers Jacmel, je retrouve instantanément l’esprit du Bénin. Historiquement, plusieurs ancêtres haïtiens en sont originaires. Les croyances vaudou ont traversé l’Atlantique et le temps, la musique est partout. Et constamment, il y a cet indescriptible désordre qui, lorsqu’on l’apprivoise, nous fait valser doucement. Haïti, c’est un peu le Bénin, mais à 4 heures d’avion.

Je pose mon baluchon à roulette à l’Hôtel de la Place. Depuis le balcon à l’étage, je prends le pouls de Jacmel, la petite ville d’environ 40 000 personnes qui accueillera la plus grande fête de l’année. En Haïti, le carnaval national change de ville chaque année. Mais tous les ans, il y a un carnaval local à Jacmel, une semaine avant les festivités officielles.

J’aperçois des kiosques de bouffe de rue qui offrent du griot (morceaux de porc frit), des bananes pesées (des tranches de bananes plantains frites et pressées), de la chiquetaille de hareng (du hareng séché, haché et mélangé avec de l’oignon, de l’ail, du citron et de l’huile, que l’on mange accompagné de pain). Ils sont entassés au coin de la rue et éclairés avec une lampe au kérosène. De la musique retentit de la place publique, puis d’une camionnette tout juste en bas de l’hôtel. La fête s’annonce et j’ai envie d’une soupe au giraumon.

Le jour du carnaval, un dimanche, malgré l’heure matinale, j’ai une furieuse envie de me délecter de la fameuse soupe au giraumon, une tradition dominicale en Haïti. C’est aussi la soupe servie le 1er janvier, jour de l’indépendance haïtienne, et ce, depuis 1804.

Assise sur la terrasse de l’Hôtel de la Place, je sirote un premier café fumant et bien tassé. J’aurai sans doute le temps de passer à travers la cafetière avant qu’on me serve ma soupe! On est à l’heure des Antilles…

Il est à peine 10 h et la ville grouille déjà. Il faut dire que Jacmel se prépare au prochain carnaval dès le lendemain du carnaval chaque année! Connus pour leur irréprochable talent artistique, les Jacméliens consacrent beaucoup de temps à préparer leurs immenses masques en papier mâché et costumes pour le défilé du carnaval, confectionnés, il faut le dire, avec trois fois rien.

La nourriture, un langage universel

Ma soupe arrive enfin. D’une belle couleur orangée (le giraumon est une courge), elle est copieusement garnie de morceaux de viande (du bœuf ou de la chèvre), de chou et de boules de pâte qui ressemblent drôlement à des matza balls typiques de la cuisine juive. Ça a l’air si bon, j’en salive.

Ça donne le goût d’avoir une grand-mère haïtienne pour nous en préparer tous les dimanches!

Alors que je me laisse enivrer par le parfum de la soupe fumante, trois gamins traversent la rue, l’un déguisé en zèbre, l’autre en girafe et le dernier, en gorille. Je suis époustouflée par la beauté de leur œuvre d’art. Toutefois, cela ne m’a pas éloignée de mon objectif premier à savoir : engloutir ma savoureuse soupe! Dès la première bouchée, un sourire s’esquisse sur mes lèvres... et une goutte de sueur perle sur mon front (il fait tout de même 35 degrés à l’ombre!). Mais c’est si bon! Ça donne le goût d’avoir une grand-mère haïtienne pour nous en préparer tous les dimanches!


UN PEU D’HISTOIRE...

La soupe giraumon (soup joumou) est un rappel de l’histoire de l’indépendance le 1er janvier 1804. Sous le régime Français, les prisonniers haïtiens ne pouvaient consommer de la soupe, ce qu’ils s’empressèrent de faire une fois libres. En particulier au jour de l’an, les familles haïtiennes aiment préparer et partager ce symbole de victoire contre l’oppression, mais aussi de l’union nécessaire à cette indépendance.


La panse bien pleine, je suis prête à rejoindre la foule qui s’entasse graduellement sur la rue principale derrière l’hôtel. Le défilé commence doucement, en début d’après-midi. Je monte sur l’une de ces estrades temporaires, installées la veille. Cela coûte l’équivalent de 20 $ pour y passer la journée. De là-haut, c’est la fête au-dessus de la fête. Les joueurs de rara (style de musique connu des fêtes vaudou en Haïti) donnent le rythme aux passants ; tout le monde a le sourire fendu jusqu’aux oreilles. Plus ça va, plus la foule est dense. La musique monte d’un cran toutes les heures, les costumes des fêtards sont tous plus excentriques les uns des autres.

Mes compagnons d’estrade ont manifestement l’âme à la fête depuis l’aurore. Avec eux, c’est simple. Il suffit de dire à l’homme qui s’occupe de l’accès à l’estrade en bas des escaliers de nous commander de quoi manger et d’autre rhum Barbancourt.

Je ne garderai que des bons souvenirs d’Haïti : les gamins qui dansent et jouent des percussions faites maison sous le manguier, siroter une bière Prestige bien froide sortie de la glacière du barbier ambulant sur le bord de la plage (eh oui!), Haïti est particulièrement belle quand on ose s’y promener!


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