On le constate, le mouvement végétalien, autrefois confiné à la marginalité, a plus que jamais le vent en poupe. « L’intérêt est plus marqué depuis les deux dernières années », affirme Marie-Noël Gingras-Perron, blogueuse pour le blogue Vert et fruité et cofondatrice du Festival végane de Montréal qui se tient en novembre. On trouve désormais plusieurs restos végétaliens à Montréal et quelques-uns à Québec. Les Montréalais ont même droit a de la gastronomie végane, avec la venue du restaurant Lov (qui est aussi végétarien), à une chaîne de restauration rapide – Copper Branch et à une épicerie entièrement végétalienne au Québec, Antidote Superalimentation, pour ne nommer que ceux-là. De plus en plus de restaurants proposent en outre des plats végétaliens. « Même les restaurants “omnivores” s’y sont mis et les identifient comme tels dans leur menu », observe Bernard Lavallée, nutritionniste et auteur du blogue Le nutritionniste urbain.
Selon les clientèles, on parle carrément d’un effet de mode. Si vous avez des ados ou de jeunes adultes à la maison, il y a bien des chances pour que vous ayez eu à tout le moins des discussions sur le sujet… ou que vous ayez des végétaliens à votre table. « Le mouvement interpelle particulièrement les femmes éduquées de 18 à 35 ans », constate pour sa part Bernard Lavallée.
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Qu’est-ce qui pousse les gens à adopter cette alimentation?
De l’avis de tous les spécialistes interrogés, le motif numéro un est le respect du bien-être animal. C’est le cas de Marie-Noël Gingras-Perron : « Je n’aimais pas l’idée de voir des animaux asservis pour répondre à mes besoins. C’est ce qui m’a fait passer il y a quatre ans, du végétarisme, que je pratiquais depuis 13 ans, au végétalisme. »
L’impact de la production de dérivés de l’élevage animal sur l’environnement fait aussi partie des facteurs. Un élément qu’il faut nuancer. Selon Bernard Lavallée, c’est l’arrêt de la consommation de la viande qui a le plus de portée à cet égard. « Couper les produits dérivés de l’élevage animal a un effet, mais c’est plus marginal », dit-il. Dans son livre, Sauver la planète une bouchée à la fois, il compare l’impact sur les gaz à effets de serre de différents régimes alimentaires. Un moyen mangeur de viande produit 5,83 kg de CO2 par jour, contre 3,8 pour des végétariens, et 2,89 pour des végétaliens.
« Les études démontrent que les végétaliens sont moins sujets à une plusieurs maux et maladies » Anne-Marie Roy, nutritionniste
L’alimentation végétalienne a des effets non négligeables sur la santé, une raison importante pour les adeptes. « Les études démontrent que les végétaliens sont moins sujets à une plusieurs maux et maladies : certains cancers, maladies coronariennes, problèmes inflammatoires, accidents vasculaires cérébraux, diabète de type 2, hypertension, hypercholestérolémie, constipation », rapporte Anne-Marie Roy, nutritionniste spécialisée en alimentation végétarienne et végane.
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Le 1 % végane
Quel pourcentage de la population est totalement végétalien? Difficile à dire. « On parle de 4 % de la population qui se déclare officiellement végétarienne et, de ce nombre, environ 1/4, soit 1 % de la population serait végane, dit Anne-Marie Roy. Mais ce sont des chiffres qui datent de 2003. Ça me semble peu. »
Cela dit, entre végétalisme et omnivore, tout n’est pas noir ou blanc. « Certaines personnes ont simplement choisi de remplacer une partie des produits dérivés des animaux qu’ils consomment par d’autres produits à base végétale, comme du lait de vache par du lait de soya », explique Bernard Lavallée. « Il n’y a pas de règle absolue, chacun doit suivre son propre rythme, explique Anne-Marie Roy, elle-même passée du végétarisme il y a 25 ans, au végétalisme il y a 10 ans. L’important, au point de vue nutritionnel, est d’augmenter la part de produits végétaux dans son alimentation. »
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Tout commence par l’adaptation
L’adoption du régime totalement végétalien demande une grande adaptation. Heureusement, outre la multiplication des livres et blogues, on note que l’offre de produits alternatifs est en augmentation. Laits de soya et de noix, véganaise (mayonnaise sans œufs), œufs et yogourts végétaux se retrouvent de plus en plus dans les épiceries traditionnelles.
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Autre défi : la perception de l’entourage. La population associe encore le végétalisme à nutrition déficiente. Mais il semble que ces craintes pour la santé, si l’on est prudent, ne soient pas justifiées. Sur les risques pour la santé, la position de l’Academy of nutrition and dietetics (le regroupement de nutritionnistes américains) et les Diététistes du Canada est sans équivoque : «Une diète végétarienne, y compris végétalienne, bien planifiée est bénéfique pour la santé et fournit les nutriments nécessaires.»
LES CONSEILS D’EXPERTS
La nutritionniste Anne-Marie Roy suggère aux végétaliens de consommer des suppléments de B12, une vitamine qui ne se trouve que dans le régime animal et qui, effectivement, est plus souvent en carence chez les végétaliens. Pour les jeunes enfants et pour les femmes enceintes, le nutritionniste Bernard Lavallée recommande pour sa part d’être accompagné d’un spécialiste de la nutrition. Les deux experts insistent cependant sur le même point : l’important est d’avoir une alimentation riche en nutriments et diversifiée.
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